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L’hospitalisation en cas de problème de syllogomanie ?
Très souvent, l’hospitalisation est nécessaire afin de mettre en place un protocole de soins. De plus, c’est le temps qui permet de vider, trier et de nettoyer le domicile de la personne. Attention ! Il est important de comprendre que dans certains cas, la détresse provoquée par un changement radical de situation comme le débarras ou la perte de tous les objets accumulés serait trop destructrice pour la santé de l’individu. Les étapes de nettoyage pourraient devenir tout simplement inutiles contre-productives pour améliorer l’état du syllogomane.
L’important est de mettre le sujet au cœur du dispositif mis en place, tant pour le traitement médical que pour le nettoyage. Le retour au domicile ne doit pas être un choc insurmontable, il doit se faire sans difficulté. La mise en place d’un traitement médicamenteux couplé à des thérapies cognitives et comportementales permet des résultats plutôt positifs tant que le sujet n’est pas atteint de démence ou de problèmes psychiatriques supplémentaires. La prise en charge des cas de syllogomanie reste difficile pour l’ensemble des acteurs, qu’il s’agisse des professionnels de santé, des familles, des propriétaires des lieux ou des assistants sociaux. Il s’agit de situation complexe qui ne se règlent qu’au cas par cas comme pour les personnes atteintes par le syndrome de Diogène.
L’enjeu final si état de santé du malade le permet, consiste à essayer d’améliorer la situation sans que le patient ait à quitter sa maison. L’approche, pour l’aider, est plutôt de procéder à un nettoyage étape par étape, sans brusquer le sujet. L’idéal est d’inclure l’individu dans cette démarche afin qu’il participe lui-même au tri. Il s’agit d’un traitement long et fastidieux afin de récupérer un logement décent, un espace vital vivable et une hygiène corporelle correcte. Cela peut prendre des mois, des années ou toute une vie.
L’un des dilemmes majeurs de la prise en charge de cas de syllogomanie réside dans la détermination de la capacité du sujet à pouvoir rester seul chez lui, à prendre des décisions financières, à maintenir un niveau d’hygiène acceptable, à mener une vie sans danger.
Les médicaments contre ce trouble du comportement
La plupart du temps, les médicaments utilisés sont des antidépresseurs tricycliques ou des inhibiteurs sélectifs de re capture de la sérotonine. Ils visent surtout à réduire les symptômes de la maladie et à améliorer l’humeur du patient. Les résultats des traitements pharmacologiques montrent pour autant que l’efficacité des médicaments reste faible. Dans certains cas, ils sont même inutiles et n’améliore pas les troubles compulsifs existants.
Comment fonctionnent-ils ?
Dans le cerveau, les informations circulent sous forme de messages électriques, appelés influx nerveux. Les synapses constituent les zones d’échanges d’information, sous forme de messages chimiques, entre les neurones. Ces substances chimiques, appelées neurotransmetteurs (comme la sérotonine ou la noradrénaline) sont libérées par les neurones émetteurs et se lient à des molécules spécifiques sur les neurones récepteurs.
Chez les personnes dépressives, on a constaté un déséquilibre de certains neurotransmetteurs.
L’utilisation des antidépresseurs rééquilibrent le fonctionnement de certains circuits de neurones impliqués dans les symptômes de la dépression.
Après quelques semaines de traitement, les antidépresseurs aident généralement à retrouver le sommeil, l’appétit, un regain d’énergie, du plaisir et des pensées positives, ce qui constitue une première étape afin de cesser d’accumuler et.
Les thérapies cognitives et comportementales contre l’accumulation compulsif d’objets dans le logement
La mise en place et le suivi psychologique à travers des thérapies cognitives et comportementales visent à apprendre aux personnes atteintes de syllogomanie à mieux contrôler leurs compulsions et à modifier leur attitude vis-à-vis des choix à prendre au quotidien.
Ces thérapies tendent à modifier les pensées et les comportements qui peuvent déclencher des épisodes dépressifs. Ces thérapies, qui durent quelques mois, peuvent aider le malade, qui souffre de dépression, à sortir de son mal être et à diminuer l’effet addictif ou compulsif de la pathologie.
Dans l’optique de parvenir à un meilleur résultat et afin d’éviter la rechute de l’accumulateur, les médecins conjuguent les deux traitements, médicaments et psychothérapies.
Le fonctionnement de ces thérapies pour les patients
Dans les thérapies cognitives et comportementales, les pensées et comportements sont examinées et listées. Le but est de changer ces pensées et comportements de la personne souffrant de syllogomanie afin de mettre fin à l’accumulation compulsive pathologique.
Illustration schématisée d’une thérapie cognitive contre ce TOC :
- Question : Pourquoi ne pas jeter des journaux vieux de 10 ans ? Pourquoi continuer à les entasser dans votre chambre ?
- Réponse du sujet : Je peux en avoir besoin un jour, ils sont à portée de main dans mon appartement.
- Changement de pensée : Les journaux sont accessibles par téléchargement sur internet, j’aurai donc toujours la possibilité de me les procurer.
Autre exemple :
- Question : Pourquoi ne pas jeter cette pile de papiers publicitaires ?
- Réponse du sujet : Je ne veux pas gaspiller du papier.
- Changement de pensée : On ne jette pas le papier mais on le recycle. Il n’y a donc pas de gaspillage mais la mise une place d’un geste écocitoyen. De plus, cette alternative entraîne une valorisation du choix de la personne et du geste accompli.
Illustration schématisée d’une thérapie comportementale
L’objectif est de hiérarchiser les comportements afin de monter graduellement dans la difficulté des tâches que le patient atteint de syndrome de thésaurisation pathologique va accomplir.
Il faut réaliser un plan, étape par étape, pour se débarrasser des objets qui encombrent le logement.
Le thérapeute va préparer une liste en accord avec l’accumulateur. Il va déterminer les objets pour lesquels l’acte de jeter sera le moins douloureux. Progressivement, il va augmenter la difficulté de l’action à réaliser en impliquant des objets dotés d’une importance sentimentale de plus en plus élevée.
Le thérapeute peut aussi effectuer un travail sur la reconnexion avec les gens, sur le rapport à l’objet… Il faut réapprendre à la personne à gérer des situations simples de façon non pathologique, à changer de comportement face aux objets de la vie quotidienne.
Dans le cas où l’individu atteint est encore entouré par des proches, une thérapie familiale peut aussi être envisagée et améliorer la prise en charge.
Il faut vraiment souligner l’importance du suivi psychologique de ces patients. La personne souffrante ne peut pas supporter que l’on nettoie son espace, sa souffrance est énorme car liée à la perte des objets qu’elle considère comme chères à ses yeux. Les cas de suicide, après l’intervention de sociétés de nettoyage pour faire le tri dans la maison sont malheureusement usuels. Il faut vraiment que le patient soit acteur dans son traitement, qu’il prenne conscience des problèmes provoqués par l’accumulation compulsive, de son rapport à l’objet, pour qu’une réelle avancée puisse avoir lieu et que l’effet sur la maladie soit visible. Les cas de récidives sont malheureusement nombreux.
Vaincre l’isolement social
Souvent, les personnes atteintes des troubles compulsifs comme la syllogomanie ou de syndrome de Diogène ou encore du syndrome de Noé (accumulation compulsive d’animaux) sont très isolés et seul (la famille ne rend plus visite). Cet isolement social a pour effet de favoriser grandement ce type de trouble obsessionnel compulsif. Ils se confortent dans cette attitude et ce comportement devient normal. Il est important de garder un lien social, des interactions régulières, un travail de manière à conserver contact avec le monde.