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Qu’est-ce que la syllogomanie ? (hoarding)
La syllogomanie ou thésaurisation pathologique (toc hoarding )sont les termes médicaux utilisés pour désigner un trouble obsessionnel lié à l’accumulation compulsive d’objets. Ces manifestations se caractérisent par l’accumulation excessive, volontaire et compulsive d’objets hétéroclites et inutiles, sans classification ni rangement et sans réelle valeur pécuniaire.
La personne atteinte de syllogomanie est incapable de jeter ou de se séparer d’objets, même si ces derniers ne fonctionnent plus ou n’ont aucun intérêt. Le sujet développe un attachement affectif envers l’objet. Conserver l’objet devient rassurant car il a, en même temps peur que l’objet vienne à lui manquer un jour ou l’autre s’il s’en séparait. Le syllogomane est alors incapable de jeter.
Différentes causes pathologiques
Dans les cas dits de syllogomanie organique (trouble du comportement dû à des problèmes secondaires comme une démence, une dépression sévère, de l’alcoolisme, de dégénérescence du lobe front temporal (DLFT) ou même un AVC), le patient éprouve une grande difficulté à se rendre compte de sa situation et montre un manque d’intérêt évident à changer la situation. Les normes sociales et sociétales lui sont assez étrangères.
Dans le cas d’une syllogomanie non organique (dont on ne connait pas bien les causes), le sujet a conscience de l’encombrement de son logement et il en souffre généralement, ce qui peut nuire à sa santé mental et physique et causer une importante dépression. Ce type de syllogomane (hoarder) ressent un inconfort, une souffrance liée à cette accumulation, un sentiment de honte face à son entourage. Cependant, il est dans l’incapacité la plus totale de changer cet état de fait.
Pour lui, ces objets peuvent encore servir et donc lui manquer s’il s’en sépare. La simple idée de devoir trier, jeter est physiquement et psychologiquement insupportable. Cette accumulation, responsable de la disparition de son espace vital, va conduire le hoarder à s’enfermer sur lui-même. Il va s’isoler du monde extérieur et ne plus vouloir recevoir personne dans son domicile. Ce trouble peut devenir dangereux et présenter de plus grands risques (incendie, maladie à cause du manque d’hygiène, inondation etc.)
Quoiqu’il en soit, ce trouble est souvent associé à un autre problème de santé mentale et pas nécessairement liée au TOC, comme on pourrait le penser mais plutôt troubles de l’anxiété comme les phobies sociales.
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Le trouble d’un paradoxe
C’est un trouble assez paradoxal de ce fait. Certaines personnes atteintes par cette maladie vont avoir conscience que cette accumulation n’est pas normale. Elles vont essayer de vivre avec leurs symptômes et leurs conséquences tout en les camouflant pour le monde extérieur.
Par exemple, dans leur maison, elles vont laisser un endroit plus dégagé directement près de la porte d’entrée afin de préserver une sorte de « normalité » face au regard des autres, des voisins… Mais, à contrario, elles ne vont plus recevoir personne dans leur logement, ne vont même plus faire venir le médecin, même en cas de problèmes…
Les patients atteints de cette forme de syllogomanie ont encore conscience des autres dans la plupart des cas… d’où sa honte qui va le mener à s’isoler des autres et cacher leurs troubles de comportement. Incapables de lutter contre ce besoin qui leur apporte réconfort et sécurité, ces « hoarders » mène une vie discrète, socialement isolée. Accumuler, acheter vont des actes qui vont leur procurer un plaisir, un apaisement face à une angoisse, un mal être… mais dans un même temps, c’est aussi ce qui les coupe du monde. Amis, famille ou voisins sont progressivement abandonnés de manière à ne pas alerter le monde extérieur qui ne comprendrait pas cette pathologie et qui pourrait dénoncer la situation et provoquer la perte des objets accumulés.
La personne souffrant de ce comportement peut accepter qu’un individu qui ne porte pas de jugement de valeur face à ce mode de vie, ne semble pas dégoûtée et ne fait pas de commentaires, lui apporte le minimum vital, ce qui permet de conserver un minimum de lien social.
Diverses formes de troubles issues de la syllogomanie
Dans les cas classiques de syllogomanie, il n’y a pas de tendance préférentielle. Ainsi, le malade conserve tout : publicités, vêtements, vaisselle… Les meubles sont envahis, l’espace est totalement phagocyté car il ne procède à aucun rangement. Le syllogomane ne va plus pouvoir disposer de sa cuisine, de son lit ou de son canapé. La place disponible va se réduire peu à peu en même temps que son espace vital.
D’autres cas de syllogomanie seront présentés plus en détail, comme la bibliomanie ou le syndrome de Noé (le fait d’accumuler compulsivement les animaux). L’accumulation pathologique concerne, pour ces dérivés de la syllogomanie, une catégorie particulière « d’objets » à savoir les livres pour la première et les animaux pour la seconde.
Le syndrome de Diogène serait, quant à lui, la forme la plus extrême de syllogomanie. Il est l’association de l’accumulation pathologique d’objets (dont ses propres déchets), de l’isolement social et de la mauvaise hygiène.
Quel public est le plus sensible ? Épidémiologie de cette maladie
Les récentes études tendent à démontrer que la syllogomanie n’est pas présente pendant l’enfance. Elle peut apparaître plus probablement vers la préadolescence puis, peut devenir chronique ou s’intensifier avec l’âge. La prévalence est de 2% de la population chez les préadolescents et d’environ 2 à 6% pour la population adulte.
Les études scientifiques menées afin de mieux appréhender ce trouble ont mis en évidence une augmentation de la fréquence et de la sévérité des cas chez les sujets de plus de 60 ans.
Le milieu socio-économique dans lequel l’individu évolue ne semble pas être un facteur de développement. En effet, il n’y a pas de classe sociale plus touchée qu’une autre. La syllogomanie ne semble pas être liée à un manque de culture ou d’instruction.
La syllogomanie, la bibliomanie ou encore le syndrome de Noé sont définis comme des troubles de la personnalité obsessionnelle compulsive (ce qui diffère du trouble obsessionnel compulsif dans lequel elles étaient classées jusqu’à l’édition du DSM5 en 2013).
Aujourd’hui, il n’est pas clairement établi si la syllogomanie est une maladie mentale à part entière ou si elle est une forme de trouble obsessionnel compulsif.
Traitement et prise en charge
La difficile question de la prise en charge de cas de syllogomanie demeure un débat pour les spécialistes et les professionnels de santé. L’objectif d’un traitement est de tenter d’améliorer sa vie sans que le sujet n’ait à quitter son domicile, ce qui serait vécu comme une détresse extrême. Si le tri des objets et déchets accumulés s’avèrent indispensable, il doit se faire en collaboration avec le patient. Il doit participer à la démarche tout en étant, parallèlement, aider psychologiquement à travers un suivi régulier et, parfois, une solution pharmacologique adaptée.