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LE SYNDROME DE NOÉ

Le syndrome de Noé (animal hoarding)

Le syndrome de Noé, « animal hoarding » en anglais, est un trouble qui se définit par une accumulation excessive d’animaux de compagnie, bien plus d’animaux qui ne peuvent être accueillis dans un même lieu et dans un même temps, souvent des chats et des chiens.

Le nom de ce trouble compulsif particulier a pour origine l’histoire biblique selon laquelle Dieu ordonne à Noé de recueillir dans son arche un couple de chaque espèce animale afin de pouvoir repeupler la Terre après le Déluge.

Bien souvent les individus touchés par ceux que certains considèrent comme une maladie sont seuls et coupés de leur famille. Comme pour les personnes atteintes par le syndrome de Diogène, on constate une rupture sociale avérée. Il est important de noter que le syndrome de Noé concerne exclusivement les animaux et non pas les objets, plutôt appelée syllogomanie.

Les symptômes du syndrome de Noé

La personne qui souffre de ce problème ressent le besoin irrépressible de sauver des animaux, toujours plus d’animaux, sans avoir les moyens de les assumer, ni forcément de leur procurer les soins nécessaires. Elle croit réellement sauver les bêtes qu’elle recueille. Ces hommes ou ces femmes sont souvent persuadés d’avoir un don particulier pour comprendre les animaux recueillis. Ils se sentent investis de la mission de les protéger et les sauver. Les hoarders, comme on les appelle parfois, pensent être les seuls à pouvoir le faire.

Très attachée à ses animaux, ils ne peuvent pas s’en séparer et ne se rendent pas compte qu’ils s’en occupent mal et que la vie des bêtes est même parfois en danger. Inconscient de la souffrance qu’il provoque, le patient vit dans le déni. Ce comportement peut parfois entraîner de graves conséquences pour les animaux car plus l’accumulation est grande et plus se « hoarding » peut actionner une difficulté à s’occuper correctement de ces animaux.

Qu’est-ce que le déni ?

C’est une notion utilisée en psychanalyse pour désigner le fait de refuser, de façon inconsciente, une partie ou l’ensemble d’une réalité. Il porte sur un sentiment ou une émotion, mais aussi sur des faits qui se sont produits. Cette perte du sens de la réalité est liée au fait que la personne souffrant de cette maladie n’a pas conscience de la situation, persuadé d’avoir un don spécial avec les animaux de compagnie, souvent des chats et des chiens.

Ainsi, le propriétaire des animaux devient ce qu’il ne supportait pas à la base : un être qui sans le savoir porte atteinte à leur santé et leur bien-être en négligeant leur toilette et le nettoyage du logement (accumulation des déchets ou des excréments) ou en leur infligeant une maltraitance involontaire.

 

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Reconnaître une personne concernée

C’est un trouble susceptible de toucher tout le monde, sexes et catégories sociales confondus. Cependant, de récentes études mettent en évidence une légère prédominance de ces critères chez la femme (76%) de plus de 60 ans (46%), mais les hommes ne sont pas épargnés pour autant en France. Cette tendance s’accroit en cas d’isolement. Cela peut se produire après un choc émotionnel ou psychologique fort tel que la perte d’un proche, par exemple.

Les causes du trouble

Le syndrome de Noé trouve sa place dans la dernière version du DSM5, manuel qui répertorie les troubles mentaux. On retrouve sa description dans la section qui concerne les troubles obsessionnels compulsifs et troubles apparentés, comme déjà remarqué pour les cas classiques de syllogomanie ou de « Diogène ».

La personne atteinte du syndrome va récupérer des animaux. C’est un comportement addictif, souvent lié à un manque affectif qui date de l’enfance. L’individu ressent une sorte de pulsion de réparation face à la vulnérabilité de l’animal. De ce fait, si les animaux récupérés sont vieux ou malades, l’importance du secours apportés est encore plus fort.

syndrome de Noé
source de l’image : eucalyptuseater.wordpress.com

 

Les animaux sont souvent des chiens et chats domestiques nombreux (source de l’image : eucalyptuseater)

« L’animal hoarder » se voit, alors, comme un sauveur.  Quand il a encore des interactions sociales, il n’est pas rare de constater qu’il aime susciter la sympathie de l’extérieur. Finalement, il cherche à se protéger afin de combler un traumatisme personnel. Il lui est viscéralement impossible de supporter ou d’accepter de voir un animal abandonné, maltraité… jusqu’à en oublier la réalité, et être dans le déni.

Ce type de patient est grandement sujet à l’anthropomorphisme et a tendance à considérer les animaux comme des enfants de substitution.

Les conséquences pour les animaux

Les conséquences de cette accumulation excessive peuvent être tragiques. Le hoarder peut rapidement se retrouver dépassé par la situation et ne plus maîtriser son environnement comme la santé de ses pensionnaires. Comme pour la pathologie des « Diogène », le rapport à l’hygiène se dégrade et le comportement des hoarders peut entraîner une réelle souffrance animale du fait d’une malnutrition ou d’animaux mal soignés.

Avec l’entassement d’espèces différentes dans un espace réduit, les animaux vont développer des perturbations physiques et psychologiques. Le logement va se délabrer et les conditions d’hygiène se détériorer. Amenés à se soulager à l’intérieur du logement, les chiens, les chats ou autres espèces vont favoriser les maladies, qui vont se développer et se transmettre par manque de soins et d’hygiène, dans un espace fermé et insalubre.

Le psychologue Philippe Hoffman parle aussi d’anthropomorphisme faisant souvent suite à un traumatisme.

Conséquence pour la personne, sa maison ou son appartement

Face aux coûts que représente l’entretient de ces bêtes, la personne atteinte du syndrome de Noé va se retrouver totalement dépassée par la situation. Elle ne va plus pourvoir assumer la nourriture, les animaux sont alors soumis à eux-mêmes et peuvent malheureusement mourir de faim. Dans 80% des cas, on retrouve des cadavres d’animaux au domicile avec parfois certains corps en voie de décomposition avancée.

Les catégories animales les plus représentées sont les chats, les chiens puis les rongeurs.

Une autre conséquence directe liée à ce problème, c’est la présence de maladies transmissibles à l’homme. Ainsi les salmonelles, champignons, allergies, parasites vont se développer. Parallèlement, des nuisibles peuvent envahir le logement : rats, insectes attirés par l’odeur, l’urine et les excréments.

Les journaux relatent malheureusement des milliers de cas à travers le monde.

En exemple, dans les Vosges, une société de protection des animaux a trouvé 113 chats dans un appartement. La découverte a fait suite à l’expulsion des locataires pour cause de loyers impayés. La moitié des bêtes, dans un état lamentable, a été euthanasiée. C’est malheureusement le cas de figure le plus fréquent pour chaque cas découvert. L’état des animaux est tel qu’ils ne peuvent pas survivre. Ou encore, à Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, en 2017 où plus de 50 chiens et chats vivaient enfermés et dans l’obscurité.

Jean-Claude Monfort dit souvent des personnes atteintes du syndrome de Noé, comme pour celles touchées par le syndrome de Diogène qu’elles « semblent avoir besoin de tout, mais ne demande rien ». Elles sont, en réalité, les premières victimes de cette affection.

Les traitements de la pathologie

Comme pour les autres types de syllogomanie, ceux qui collectionnent les objets, on ne sait pas encore si le syndrome de Noé est une pathologie, une maladie à part entière ou la manifestation d’un autre trouble psychologique plus complexe.

Les causes et origines de cette manifestation psychologique sont toujours en cours d’exploration.

Les traitements actuels sont les mêmes que pour les autres accumulations compulsives pathologiques.  Cependant, ils fonctionnement moins bien sur la personne souffrant du syndrome de Noé.

Malheureusement les statistiques sont irréfutables : une intervention, sans traitement préalable, entraîne une récidive dans quasiment 100% des cas. Le reste des cas étant des suicides.

Certaines associations de protection des animaux peuvent reprendre un nombre conséquent d’animaux malades et leurs apporter les soins nécessaire et suffisant à leurs survies.

 

 

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