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Les causes de la syllogomanie
L’accumulation compulsive fait partie des troubles du comportement que l’on ne comprend pas encore parfaitement, beaucoup de question restent encore en suspens. Si, le DSM5 (Version 5 du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux), la référence mondiale en termes de classification des troubles mentaux reconnait à ce jour la syllogomanie ou thésaurisation pathologique (au même titre que le syndrome de Diogène) comme un trouble pathologique, sans pour autant être un TOC, il n’en demeure pas moins que personne ne connait pas le ou les réels déclencheurs de ce trouble et que la prévalence (nombre de cas d’une maladie dans une population à un moment donné) est telle qu’il est difficile de distinguer un profil type. Les études épidémiologiques sont rares et ne permettent pas de tirer de conclusions claires.
Des facteurs génétiques ?
On sait que dans certaines familles, les cas d’accumulation compulsive d’objets sont plus fréquents. Dernièrement, une étude physiopathologique a aussi mis en évidence la possibilité d’un problème de communication dans certaines régions du cerveau chez les personnes atteintes de trouble d’accumulation compulsive. Il y aurait un dérèglement du taux de glucose. Cela pourrait laisser à supposer l’existence d’un facteur génétique chez certains accumulateurs. Cependant, cette étude doit être confortée par d’autres recherches.
Une causalité multiple ?
Il semble acté que cette pathologie n’est pas le résultat d’une maladie physique (lésion cérébrale, maladie cérébro-vasculaire) ni la conséquence d’un autre trouble mental (TOC, psychose, bipolarité, syndrome de Prader-Willi…). Des études montrent tout de même une corrélation entre certains de ces problèmes mentaux chez plusieurs patients.
Sans en être la raison primaire, la syllogomanie peut être, en partie, due ou aggravée par des problèmes secondaires comme la démence, l’alcoolisme (syndrome de Korsakoff par exemple), la dépression sévère ou un AVC. C’est encore plus vrai chez des patients plus âgés.
La schizophrénie peut se déclarer tard dans la vie et peut aussi causer un comportement syllogomaniaque. Les sujets atteints d’hyperactivité ou de déficit d’attention en sont aussi souvent victimes.
Une situation aggravée par des chocs émotionnels
Les facteurs communs qui ressortent de ces études sur les syllogomanes fait apparaître des symptômes dès la pré-adolescence qui tendent à devenir chroniques et à s’aggraver avec les années à cause de chocs émotionnels vécu par l’individu. L’importance et la gravité de ces chocs émotionnels a clairement un rapport direct avec l’installation de cette pathologie mentale. En effet, ils semblent favoriser l’accroissement et le développement des troubles de la personnalité. Ainsi, la perte d’un être cher, un conflit familial ou encore une rupture vont déclencher des phases plus aiguës d’accumulation. On peut donc supposer que le but de l’accumulation pathologique vise la compensation du stress généré par l’apparition de ces événements imprévus. L’accumulation permet alors de se concentrer sur autre chose que la réelle cause du désordre affectif, psychologique et sentimental. Il agit comme un remède thérapeutique pour l’accumulateur. Les facteurs de déclenchement de la syllogomanie présente des similitudes avec celles du syndrome de Diogène.
S’il est difficile de connaitre précisément les facteurs qui peuvent déclencher ce trouble obsessionnel compulsif du comportement, des traits communs ont pu être définis chez les personnes qui en souffrent :
- Un perfectionnisme exacerbé
- La difficulté à émettre des choix, à prendre des décisions
- Le sentimentalisme envers chaque objet
- L’impossibilité de jeter des objets (même usés ou défectueux) liée à une incapacité à faire la différence entre un sentiment et un raisonnement
Les conséquences de ce trouble de l’accumulation compulsive sur la vie de la personne
- Un isolement social et/ou professionnel de l’individu atteint de thésaurisation pathologique. Le patient atteint de syllogomanie n’ouvre plus sa porte par honte de l’image même de son logement.
- Une difficulté à assurer la propreté et l’entretien du domicile et une négligence d’hygiène corporelle suite à son encombrement (critère commun avec les ces de Diogène).
- Dans les cas de syndrome de Noé (animal hoarding), les animaux peuvent devenir eux même victimes et être maltraités.
- Plus des 3/4 des personnes recensées présentent un trouble dépressif.
- La syllogomanie entraîne une détresse ou un changement significatif dans les relations sociales
- Le danger encouru suite à l’encombrement extrême des logements : incendie, blessure, chute d’encombrants sur le syllogomane, infection par des nuisibles (rats, insectes…), développement de champignons, salmonelles, maladie…
Le DSM-5 présente plusieurs autres symptômes de la syllogomanie.
Les dangers et les risques encourus par ce comportement
Les dangers liés directement ou indirectement à ces dérèglements compulsifs sont réels : santé, hygiène, incendie, effondrement, etc.
Le cas le plus célèbre est celui d’une famille new-yorkaise. Plus précisément l’histoire de deux frères, Langley et Homer Lusk Collyer, issus d’une famille aisée de Manhattan, qui vivait tous deux dans une maison en plein cœur de Harlem. Accumulateurs compulsionnels, ils avaient entassé, dans leur domicile, des tonnes d’objets et d’ustensiles, année après année. Ils sont finalement retrouvés morts en 1947, victimes des suites de leur syndrome d’accumulation compulsive. Langley va mourir écrasé par le poids d’une valise et de piles entières de journaux qui lui sont tombés dessus. Son frère, Homer, paralysé et aveugle, va quant à lui mourir de faim quelques jours plus tard, faute de pouvoir subvenir seul à ses besoins. Ils ont entassé plus de 140 tonnes de déchets dans leur lieu de vie.
Ce problème amoncellement excessive et maladive d’objets peut entraîner d’autres catastrophes encore. Certains ont vu leur maison complètement brûlée car les risques d’incendie sont augmentés par l’agglomérat de combustibles.
A cause de la présence fréquente de nuisibles ou de vermines, les risques pour l’hygiène et pour la santé sont réels.
Comment agir devant un cas de syllogomanie ?
Il n’existe aucun traitement où la prise de tel ou tel médicament suffirait à améliorer la situation et à guérir la syllogomanie. Faire venir un coach en rangement ou un spécialiste du même genre ne résoudra pas forcément le souci. Le problème est beaucoup global et le traitement est plutôt d’ordre psychologique. Seul un suivi médicalisé par des spécialistes peut faire espérer un effet sur le comportement et la personnalité de l’individu. La prise en charge reste difficile et chaque acteur (le médecin, l’assistant social, etc.) doit rester en lien et coordonner ses actions. Chacun a une fonction et une place bien précise afin d’essayer d’améliorer la situation sans que le patient soit contraint de quitter son logement.
S’il semble évident qu’il faille faire place nette et procéder au nettoyage extrême, au désencombrement, ce n’est pas toujours le cas. Un changement trop radical de l’environnement pourrait entraîner une détresse importante sans soigner la pathologie.